La Magdelaine

A la Magdelaine…

Menhirs levés, dolmens couchés

A l’époque lointaine, hier, priés

Carrefours de calvaires, dressés

Pour honorer le crucifié.

A la Magdelaine…

Meuniers, tisserands, métais

A chaque métier son faix

Le coupeur de mottes en sa tourbière

Du Duc François a hérité la Brière

A la Magdelaine…

Dignes successeurs des bardes

Fiers, malgré leurs hardes

Veillées fantastiques des « Contous »

Noces magnifiques des « Chantous »


Ces quelques vers, extraits d’un poème composé pour la fête médiévale de Guérande en 2002, résument, sans doute, les motifs qui ont décidé, en 1978, une poignée de passionnés de l’histoire locale à créer une association qui porterait le nom de « La Madeleine, d’hier et d’aujourd’hui », nous n’avions pas encore envisagé le futur à cette époque ! La protection, la conservation, la rénovation du patrimoine sous toutes ses formes étant le but de cette jeune association.

Pourtant cette création n’est que le résultat d’un travail entrepris, dès 1976, sous l’égide de la Section Culturelle du Cercle Celtique de Guérande : recueillir sur magnétophone les témoignages des anciens de la Paroisse de la Madeleine : tranches de vie, contes, légendes, chansons, travaux de la terre et de Brière, parler gallo du pays…

Ce fut à la fois un travail sérieux et enrichissant car nous avons eu souvent des rencontres avec des personnages bavards et malicieux, parfois un peu timides, qui nous ont souvent entraîné dans des histoires à blagues ou à « dormir debout » mais qui nous ont permis de redécouvrir des monuments préhistoriques, complètement sortis de la mémoire collective, des traditions oubliées comme les « Rues neuves » et la lutte, les tueries de cochons et les repas de boudins, les rites du mariage avec les convieresses, etc…

Ces entretiens qui représentent plus de 50 heures d’écoute, ont été en partie, entreposés pour sauvegarde auprès de l’Association DASTUM à Rennes. L’ensemble a maintenant été numérisé par l’Association ETHNODOC en Vendée.

Mais nos souvenirs les plus forts demeurent la résurrection des « Feux des Rameaux » en 1979 et le lancement de la Fête des Métais en 1980.

Les Feux des Rameaux dont les derniers tisons s’étaient éteints vers les années 1950, furent repris au Rameaux 1979 sur la Butte de Sandun, après un sérieux débroussaillage de celle-ci. Nous en avons profité pour restaurer entièrement la croix qui se trouve au sommet de la « Grée » – 26 m (?) au dessus de la mer, ce qui n’est pas rien en Brière ! Cette croix de granit toute neuve, venant de Marzan, fut bénie par Mr le Curé Armand Moyon devant une assistance émue et recueillie.

Mais le soir, quelle ne fut pas notre surprise de voir cette butte envahie par une foule de jeunes et de moins jeunes d’environ mille personnes curieuses de voir brûler quelque 300 fagots collectés dans les villages et les résidus de « lande » du débroussaillage.

Ce fut une soirée mémorable, un peu improvisée certes, copieusement arrosée par certains. « Dame », on ne ressuscite pas une fête sans quelques écarts. Des écarts, il y en eut sur le petit podium branlant éclairé de quelques lumignons et de « feux de détresse » : des musiciens émoustillés et des chanteurs inspirés par le « Chant de la Passion », complainte de vingt-trois couplets retrouvés pour la circonstance.

Les dix années suivantes, l’infrastructure se perfectionne avec un éclairage et un podium adaptés au site. Un « mini » son et lumière fut même tenté en 1981. Les villages des alentours ne voulurent pas être en reste et recréèrent, comme dans le passé, des Feux des Rameaux sur les points hauts des environs : à Kergourdin, Kerbénet, sur la Butte du Rohun au Brunet, à Bouzaire.

Mais des difficultés d’accès pour le matériel, et surtout les intempéries, eurent raison de notre vaillance et détermination. Les Feux furent arrêtés après dix ans de bonnes et joyeuses réjouissances !

Quelle est l’origine de ces « Feux des Rameaux », apparemment uniques en France à cette époque de l’année ? Peut-être est-elle liée à la corporation des tisserands, nombreux dans la région, qui auraient eu pour habitude de brûler les résidus de filerie et tissage après l’hiver, ou s’agit-il de la survivance d’un site antique car ces feux étaient allumés souvent sur les collines rocheuses (grées) ayant des traces d’origine préhistorique ?

Cette manifestation réussie nous donna l’idée de proposer aux autres associations de la Madeleine, de remettre sur pied la fête patronale locale de Sainte Marie Madeleine, disparue depuis plusieurs lustres, qui avait une grande réputation, notamment avec ses courses de chevaux du pays.

Cette fête verra le jour en 1980 sous le nom de « Fête des Métais » (abréviation de métayer, en parler gallo : « Mété ») avec la collaboration des douze associations locales : parents d’élèves des écoles publiques et privées, les Volontaires, Club des Aînés et la Madeleine d’hier et d’aujourd’hui.Trois cent cinquante personnes qui se mobilisent dans le village de Kerbourg où la fête investit ses rues bordées de chaumières, ses places, ses prairies, ses maisons pour admirer un cortège de mariés parti de l’église de la Madeleine, une exposition sur la vie rurale, la construction d’un chaland de Brière, des artisans au travail, des jeux, de la lutte bretonne…

Cette fête avait bénéficié, dès le départ, avant même qu’elle ait existé, du label « d’une des plus belles fêtes de Loire-Atlantique ». Il est vrai qu’ils avaient fière allure nos participants à la noce avec des costumes authentiques sortis des armoires où ils dormaient depuis le début du XXème siècle ! Toutes les autres activités de la fête étant à l’avenant, celle-ci était lancée pour de nombeuses années.

Pour atteindre la renommée de grande fête populaire, il faut y mettre les moyens : dès la 2ème année, ce sera l’envol d’une montgolfière avec son aile volante humaine qui atterrira au point prévu avec une précision à couper le souffle !

Puis se succéderont dans le temps de nombreux records du monde, homologués au « GUINNESS » : la plus grande crêpe du monde en 1985, le plus grand chargement dans une brouette poussée par un seul homme en 1986, record filmé par TF1 et combien d’autres : le plus grand pot au feu, le plus grand Kouing Aman, …

Toutes ces animations ne pourraient faire oublier les animations musicales et folkloriques : les plus grands cercles celtiques et bagadous sont passés par la Madeleine ainsi que des jazz-band et orchestres divers.

La 32ème édition aura lieu en 2012 à Kerhinet, autre village célèbre de la Madeleine.

Ces deux manifestations populaires, destinées à rassembler dans une œuvre commune les associations locales et à promouvoir notre communauté de la Madeleine, ne sont pas heureusement les seuls volets de l’activité de notre association.

Dès 1978, deux mille personnes se pressèrent à une exposition, dans les salles de la mairie annexe, relatant notre histoire au moyen d’objets, outils, tableaux, costumes, tout cela un peu disparate, avec la volonté de mettre en valeur ce patrimoine qui disparaissait sous nos yeux.

Tous ces témoins désuets d’un passé révolu qui tinrent la vedette pendant quinze jours mémorables. Nous avions dû voir juste car cette « expo » fut le point de départ de notre association qui hérita du titre : « la Madeleine d’hier et d’aujourd’hui ».

Puis en 1981 et 1982, l’exposition, un peu plus élaborée, « Les Métais et la Geste Paysanne » vit le jour.

Les « Abeilles et les Hommes » en 1983, des concerts dans l’église paroissiale, sur plusieurs années, avec différentes chorales et groupes musicaux, au moment de Noël.

L’ouverture du Foyer Culturel, en 1987, dans les locaux de l’ancienne cure de la Madeleine, facilitée par l’obtention d’une importante subvention de la Fondation des Pays de France (suite à un dossier de 95 pages, nous avions obtenu 100.000 Francs intégralement remis au Syndicat Intercommunal de la Madeleine) allait nous permettre de concrétiser nos idées (limitées par manque de locaux) avec la création d’activités diverses : atelier tissage, théâtre, informatique, labo photo, bibliothèque, atelier peinture décorative et dessin pour les enfants, groupe de chants traditionnels, classement de nos archives et objets de collection acquis ou donnés par des particuliers : outils de différents corps de métiers, outils agricoles, mobilier, objets usuels, costumes…

Dans ce foyer culturel, nous démarrons tout de suite par une « expo » sur le sport et une soirée avec un conteur professionnel, puis tout s’est enchaîné.

Chaque année, des expositions sur les traditions populaires sont programmées et des « expos » artistiques avec des invités d’honneur de renom : Claude Petitet, Prix de Rome, Emile Gautier, Paul Dauce, Marie Paule Seigneur, Roland Chetelat, Eliane Friot.

Toutes ces manifestations sur les traditions populaires ont été, pour l’Association, l’occasion d’éditer des plaquettes ou des livres :

En 1978 : Pour la première exposition, l’Association historique et préhistorique de St-Nazaire « édita, avec notre collaboration » la plaquette « la Madeleine, son histoire ». (épuisé)

En 1980 : Edition par notre association d’une bande dessinée, illustrée par deux jeunes : Laurent Simon et Christophe Viart : « La Légende de la Croix de Kérampion ». (reste quelques exemplaires).

En 1981 : Dans le cadre de l’expo : « Les Métais et la Geste Paysanne », édition d’une plaquette : « Le Lin au Pays de Guérande ». (épuisé)

En 1984 : Pour les expos réalisées à cette période : édition du 1er numéro de « Paroles des Métais ». (épuisé)

En 1992 : Edition du 2ème numéro de « Paroles des Métais ». (reste quelques exemplaires).

En 2000 : Pour l’exposition sur les 150 ans de la Paroisse de la Madeleine : édition du livre : « La Madeleine, un petit pays, une longue histoire » (disponible en différents points et auprès de l’Association).

En 2008 : Edition de « Parlers et Patois de la Madeleine… en Brière ». (disponible en différents points et auprès de l’Association).

En 2011 : Edition de « Chroniques du village et du port de Bréca » en collaboration avec « Archives et Histoire de St-Lyphard ».

Pour sa part, le groupe de chants de l’Association appelé « La Chouettée » (dans le parler local, une chouettée est un rassemblement de plusieurs personnes dans le but d’effectuer un travail en commun : la moisson, les battages, les vendanges, …) afin de conserver en mémoire les airs retrouvés en commun, a édité quatre cassettes et deux CD.

En 1990 (épuisé)

En 1992 (épuisé)

En 1996 (reste quelques exemplaires)

En 2002 (disponible en différents points et auprès de l’Association)

En 2011 (disponible en différents points et auprès de l’Association)

Toutes ces activités « intellectuelles » ne sauraient passer sous silence les diverses restaurations de petits monuments ruraux faisant partie intégrante du patrimoine de la Madeleine. Sous la conduite d’un maître-maçon et de notre association furent ainsi remis à neuf ou entièrement reconstruits : douze fours, deux fontaines et un oratoire. Certaines de ces restaurations ayant valu à l’Association plusieurs prix décernés par la FNASSEM (Fédération Nationale des Associations de Sauvetage des Ensembles Monumentaux).

Pour retrouver un domaine ayant trait aux « nourritures terrestres », nous avons organisé, depuis 1980, tous les ans, de pantagruéliques et très conviviaux « Repas de Boudins », mitonnés par des cuisinières locales, qui ont donné lieu à des retrouvailles de toutes les générations de la Paroisse.

Depuis sa création, note association a eu des relations suivies avec le Parc Naturel Régional de Brière (nous sommes à l’origine de la Commission Culturelle du Parc) et a participé à nombre de ses activités ou manifestations : « Transbriéronne », « Calibourdaine », « Nocturnes de Brière », « Festival du Conte », « Printemps des Musées », randonnées guidées à thème, inventaire des petits monuments du patrimoine.

Plusieurs personnes ont collaboré, activement, à la réalisation du film : « Brière du 20ème siècle », sorti pour les 30 ans du Parc.

L’Association est membre, à part entière, de la Fédération « GALLO » (Groupement des Associations entre Loire et Océan) qui regroupe huit associations de sauvegarde et défense du patrimoine de la région de Saint-Nazaire, et a édité, en commun, une plaquette « Le Temps de la Tourbe » et organise, depuis vingt ans, un spectacle-concours de chants, contes et musiques traditionnels appelé « La Trinquette », en liaison avec la « Bogue d’Or » de Redon.

Notre Association a parcouru un long chemin, depuis plus de trente ans, aux nombreuses étapes et aux multiples manifestations. Sans en tirer gloire, nous pouvons affirmer que ces nombreuses années ont été bien remplies, bien que nous n’ayons pas tout relaté : excusions, spectacles, Championnat des jeux bretons,etc… Mais une chose est certaine, c’est que ces activités n’auraient pu exister sans la participation active des adhérents de l’Association.

 

Alex CAHAREL & Joseph GERVOT

Août 2011

 

 

 

 

 

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